L’Aïoli, journal mythique

L’Aïoli, journal mythique

L'Aïoli, journal mythique

Un beau dimanche de printemps, le 21 mai 1854, dans une humble salle d’auberge de Font-Ségugne, sept poètes étaient assemblés : Mistral, Roumanille, Aubanel, Anselme Mathieu, Brunet qui avait une face de Christ, fut capitaine de pompiers et mourut dans la misère, un paysan, Tavan, et Paul Ciéra. Mistral avait pris, dans un poème consacré à saint Anselme, le mot « félibre » qui désigna désormais tout poète provençal de langue d’oc, comme le félibrige désigna l’oeuvre et l’association dont sainte Estelle, grande sainte de Provence, va être la patronne.

Tous des amis, joyeux et libres,
de la Provence tous épris,
c’est nous qui sommes les félibres,
les gais félibres provençaux !

Et, plus tard, Mistral dira : “Ce sont les félibres qui, cherchant dans l’histoire, les nobles souvenirs qui peuvent élever fraternellement les coeurs, prêchent le respect de toutes les patries…”.

Le premier geste de ces éveilleurs, de ces sonneurs de clairon, fut de publier, à l’aurore de 1855, cet Almanach provençal, recueil de contes, de poèmes et de chansons, qui est resté célèbre. Mistral y écrivit lui-même des contes charmants qui ont été traduits en plusieurs langues.

Ainsi le Félibrige, enfant de la Provence,
réveillait en chantant le Midi endormi ;
et des brins d’olivier que la Durance pousse
il couronnait gaiement les joies et les souffrances
du peuple, son ami.

medium_mistral

Le 6 janvier 1891, Mistral fonde un journal provençal, L’Aioli, qui vécut jusqu’en 1898, un an après l’apparition du chef-d’oeuvre de Mistral : le Poème du Rhône, qui est l’aventure du prince d’Orange à barbiche blonde, parti à la recherche de la Nymphe, « belle et pure, claire et vague, que l’esprit conçoit et désire ». Le prince rencontra, sur le bateau de Maître Apian, l’Anglore, la jeune fille rêvée, qui ramassait des paillettes d’or sur les rives du Rhône. Mais, au retour de la foire de Beaucaire, une catastrophe engloutit le prince, la jeune fille, et la fortune de Maître Apian. En des vers uniques, étincelants, qui sonnent comme des fanfares, le poète a décrit l’incessant mouvement du Rhône, au temps où le bateau à vapeur n’avait pas encore remplacé les barques tirées par des chevaux…

Les commentaires sont clos.